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Analyse de Hilbert 5 

 

1. Introduction et bibliographie

2. Produit scalaire

3. Polynômes orthogonaux

3-a : Relation de récurrence

3-b : Formule de Christoffel-Darboux

3-c : Noyau

4. Le théorème de Weierstrass

5. Les zéros des polynômes orthogonaux (1)

6. Approximation

6-a : Théorème fondamental

6-b : Formule de quadrature de Gauss

6-c : Nombres de Christoffel

6-d : Evaluation de l’erreur

6-e : Formule d’interpolation d’Hermite

7. Les zéros des polynômes orthogonaux (2)

8. Espace de Hilbert

9. Représentations conformes

10. Un exemple : le produit hermitien et les inégalités de Heisenberg

10-a : Produit scalaire hermitien

10-b : Inégalités de Heisenberg

11. Equations intégrales

11-a : Aperçu de la question

11-b : La méthode de Fredholm

12. Noyaux de Fourier

12-a : Transformée de Mellin

12-b : Exemples de noyaux de Fourier

12-c : Formules d’inversion non symétriques

13. Convolution

 

8. Espace de Hilbert

Si on considère l’ensemble des fonctions de carré sommable pour la densité w, noté , et constitué des fonctions f telles que  nous obtenons un espace vectoriel pour les opérations habituelles ; en introduisant un p.s. comme , on définit la norme de f par

.

Si en plus cet espace est complet pour la norme considérée, on aura obtenu un espace de Hilbert.

Rappelons qu’un ensemble E muni d’une norme  est complet si toute suite de Cauchy converge  dans E au sens de la norme . Rappelons également qu’une suite (un) est de Cauchy lorsque pour tout  il existe N tel que pour tout n, m >N on ait . Si  est une suite convergente de fonctions de E, alors sa limite f est dans E.

L’intérêt ici est que  est complet et est donc un espace de Hilbert (voir ci-dessous).

Reprenons nos polynômes orthogonaux, nous avons vu que le polynôme p pour lequel  est minimale est donné par  où  ; comme les en sont orthonormés nous avons

.

Par conséquent  pour tout n, c’est l’inégalité de Bessel. En faisant tendre n vers l’infini, la série de droite est bornée et converge ; si par bonheur on pouvait avoir l’égalité, la distance entre f et p pourrait être rendue aussi petite qu’on le souhaite (avec un choix judicieux de p). Le fait est que c’est effectivement possible et ceci grâce à la complétude de .

Démonstration de la complétude de

Quelques définitions pour commencer.

1. Une suite orthonormée sera dite complète dans  si pour tout f de  on a  (égalité de Parseval);

2. Une famille de fonctions {  } dans un espace de Hilbert sera fermée si lorsque pour toute fonction f telle que  alors f=0 (ceci se comprend intuitivement : il n’y a pas d’autre fonction que la fonction nulle qui soit orthogonale aux  ).

 

Premier théorème

Un ensemble orthonormé de fonctions  dans   est dénombrable.

 

Plaçons nous sur [0, 1] pour simplifier ; l’ensemble  des nombres rationnels de [0, 1] est dénombrable (voir en Annexe), par conséquent nous pouvons définir une famille dénombrable de fonctions  telles que  ; soit g une fonction telle que

pour tout entier i, alors g est nulle presque partout : en effet la fonction  est continue et s’annule pour les valeurs rationnelles de x, donc G est nulle et  presque partout. Prenons un sous-ensemble dénombrable  de  de fonctions pour lesquelles  ; si  était constitué uniquement de tels sous-ensembles il serait dénombrable ; choisissons alors un sous-ensemble  de  non-dénombrable de fonctions possédant la propriété précédente et partitionnons l’ensemble des réels positifs par les intervalles semi-ouverts , k entier. Nous prenons maintenant dans  les fonctions  telles que le nombre  soit dans Ak. Nous pouvons ainsi diviser  en sous-ensembles dont au moins un n’est pas dénombrable, appelons le .

Ecrivons maintenant l’ingalité de Bessel pour  : on a  avec  d’où  ; la somme des  ne peut donc converger, contredisant l’inégalité de Bessel.

Conclusion : chaque  est fini, et  est au plus dénombrable (il pourrait même être fini !).

 

Deuxième théorème

Dans un espace hilbertien une suite orthonormé {  } est complète si, et seulement si, elle est fermée.

 

Supposons {  } fermée et considérons une fonction f de L2 ainsi que  ; la suite gn est de Cauchy puisque

et donc converge vers une fonction g.

On a alors pour k<n,  grâce à l’inégalité de Cauchy-Schwarz. Mais la norme de droite tend vers 0 à l’infini et  ; comme {  } est fermée, g est nulle et  donc {  } est complète.

Dans l’autre sens maintenant… {  } est complète et prenons f telle que  alors  donc f est nulle et {  } est fermée.

 

Troisième (et dernier) théoréme

La suite des polynômes orthonormés {  } est complète dans L2.

 

Premier point : soit f continue et telle que  pour n entier positif ou nul ; nous écrivons f sous la forme f=p+rp est un polynôme, alors

 ;

 on a alors pour tout  >0,

,

cette dernière intégrale peut être rendue aussi petite que l’on veut et on conclut que  ; comme f est continue, f est nulle.

Posons maintenant , on a F(0)=F(1)=0 (remplacer n par 0…) et  d’où  ; intégrons par parties :

 

et F est nulle d’où  ; comme w>0 presque partout, f est nulle presque partout ce qui démontre le théorème.

Nous nous sommes placés sur [0, 1] et rien ne nous empêche de passer sur [ab] par une simple transformation, par contre le passage à des intervalles non bornés ne se fait pas aussi simplement. Pour certains polynômes (Laguerre, Hermite) correspondant à des densités différentes, il faudra redémontrer le caractère complet de L2.

Passons dans le domaine complexe…