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Avant-Propos
Dans l'enseignement moderne des Sciences sont apparus depuis
quelques années plusieurs phénomènes inconnus auparavant :
* des éléments d'Histoire des
Sciences ont fait leur apparition dans les ouvrages didactiques retraçant plus
ou moins brièvement l'histoire de telle ou telle découverte, de telle ou telle
méthode ou formule,
* l'utilisation de l'ordinateur,
non plus comme assistant d'acquisition de données ou de stockage, mais comme
outil d'aide à la réflexion et à l'expérimentation numérique,
* une forte demande des élèves,
des étudiants et des enseignants, voire des chercheurs pour une présentation
moins théorique des mathématiques et de leurs applications. Dans la mesure où
il ne peut y avoir de mise en forme scientifique autrement qu'en passant par le
langage mathématique cette demande revêt un caractère prégnant.
De nombreux ouvrages de vulgarisation traitant diverses
questions essentiellement dans les domaines des mathématiques et de la physique
ont d'ailleurs vu le jour ces dernières années, mettant à la portée du plus
grand nombre un certain nombre de connaissances auparavant réservées aux
spécialistes.
Cet ouvrage a été écrit en ayant ces divers aspects en
points de mire : un noyau historique pour resituer dans le temps la
progression des connaissances mathématiques, des utilisations des mathématiques
dans un certain nombre de domaines et la mise à la disposition du lecteur de
quelques outils informatiques suffisamment simples.
L'ouvrage est structuré autour des grandes disciplines
mathématiques : arithmétique, algèbre, analyse, géométrie,
probabilités. ; dans chaque chapitre sont traités un certain nombre
d'exemples qui présentent un intérêt soit historique, soit méthodologique, soit
culturel. Une présentation historique succinte des notions abordées est
également faite au début de chaque chapitre. Pour l'informatique la plupart des
exemples traités sont accompagnés de fichiers créés avec quelques logiciels
courants ou simples d'utilisation : pour le calcul il s'agit d'Excel,
disponible sur la plupart des micro-ordinateurs, pour la géométrie, ainsi que
pour quelques thèmes d'analyse il s'agit de Chamois, « shareware »
similaire à Cabri, d'accès très simple. Ces fichiers sont téléchargeables sur
internet à l'adresse suivante : (voir la fiche technique). Quelques
situations ont nécessité l'emploi de Maple ainsi que de GeospaceW.
Les chapitres de base (Arithmétique, Algèbre, Analyse,
Géométrie) sont structurés en suivant à peu près un ordre historique, les
chapitres plus spécifiquement applicatifs (Equations différentielles, Probabilités,
Fractales) sont moins linéaires , les thèmes abordés n'étant pas
forcément reliés entre eux. Deux chapitres de culture générale commencent et
terminent l'ouvrage : le premier aborde quelques notions de philosophie
des mathématiques et des sciences tout en donnant un cadre historique général
allant de l'antiquité jusqu'à nos jours, le dernier donne quelques aperçus sur
la Relativité et la Mécanique Quantique dont une connaissance minimale semble
indispensable à l'honnète homme.
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Un fil conducteur qui s'est fait jour assez involontairement
est la question des ondes : on les retrouve depuis le traitement de la
musique chez les Pythagoriciens jusqu'au plus profond de la Mécanique
Quantique, aussi un chapitre sur la Transformée de Fourier était
indispensable. De même les Probabilités et les Statistiques sont un
outil fondamental pour le scientifique moderne et le chapitre qui leur est
consacré est assez long. Les deux chapitres Equations différentielles et
Fractales et Chaos sont en partie liés puisque issus des mêmes
problématiques, ils laissent la porte ouverte à de nombreux thèmes de
réflexion.
Le champ couvert par le livre est extrèmement large et les
applications proposées se retrouvent dans pratiquement toutes les disciplines
scientifiques, ce qui explique la présentation assez serrée. La perte en
lisibilité est largement compensée par la quantité, d'autant plus que pensant
au lecteur dont les connaissances étaient peut-être un peu insuffisantes au vu
des questions abordées de nombreux rappels de cours sont effectués au long des
chapitres. Certaines choses sembleront peut-être totalement évidentes à
certains, mais souhaitant m'adresser au public le plus large possible, pour qui
les mathématiques de base ne sont souvent qu'un souvenir lointain, il m'a
semblé utile de rappeler certains fondamentaux.
Je souhaite m'excuser également auprès du lecteur pour la
médiocre qualité de certaines figures : il est difficile de réduire des
graphiques Excel en dessous d'un certain seuil, aussi je ne peux que vous
conseiller de faire comme au 17e siècle, à savoir imprimer les
fichiers correspondants et les insérer dans votre livre.Le niveau des questions abordées varie entre celui de la classe
de Troisième et celui de la Maîtrise de mathématiques. Plus sérieusement j'ai
essayé de ne pas utiliser de connaissances non accessibles à un élève de
Terminale scientifique ou de première année d'études supérieures, et si c'est
le cas les outils nécessaires sont expliqués de la manière la plus simple
possible (enfin j'espère.). Particulièrement aucune notion avancée d'algèbre
n'est utilisée, seule la notion de groupe est abordée sous son aspect
historique, ainsi que quelques applications très simples des matrices. On
s'aperçoit d'ailleurs que certaines notions (comme par exemple la continuité
uniforme ou la transformée de Fourier) s'expliquent finalement de manière aisée
avec quelques exemples bien choisis.
A chaque fois que cela a été possible j'ai essayé de mettre
en avant des problèmes non résolus qui se posent actuellement aux
mathématiciens : certaines questions sont anecdotiques, d'au-tres plus
profondes et laissent entrevoir des explications à certains phénomènes
mystérieux. Quelques questions pourraient d'ailleurs inciter certains à se
lancer dans un début d'explora-tion numérique et faire l'objet de travaux en
TPE ou en TIPE. La bibliographie, constituée essentiellement d'ouvrages de
vulgarisation, donne de nombreuses pistes de recherche supplé-mentaires.
Le livre est certainement difficile à lire d'une manière
linéaire : il vaut probablement mieux prendre un thème après l'autre en
utilisant les ressources fournies : refaire les démonstrations ou les
calculs, explorer les possibilités offertes par les fichiers d'accompagnement,
bref être actif plutôt que passif.
J'espère fournir ainsi à tous ceux concernés par les
mathématiques un outil de base qui leur servira pendant de nombreuses années.
Malgré tout le soin apporté à la rédaction et aux diverses
relectures il peut subsister quelques erreurs. que le lecteur veuille bien m'en
excuser et si possible me les signaler.
Je tiens à remercier particulièrement C. Baud,
Y. Olivier, E. Barrandon, A. Yahiatène, A. Trempé, pour
leur aide et leur soutien moral tout au long de la rédaction de cet ouvrage
ainsi que tous les mathématiciens, physiciens, biologistes, économistes,. dont
les travaux ont fait progresser la connaissance humaine au cours des deux
derniers millénaires. Enfin une pensée pour tous les élèves et étudiants dont
les questions, souvent pertinentes, m'ont amené à la rédaction de cet ouvrage.
Les images de fin de chapitre sont pour la plupart dues à J.F. Colonna de
l'Ecole Polytechnique.
Montpellier, août 2002.
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Préface
Les études scientifiques sont en crise (problèmes de recrutement, questions de finalité, exigence de l'effort). La société actuelle par l'entremise des média demande aux scientifiques de « savoir », de donner des réponses à toutes les questions alors que leur moteur, le guide de leur action est le doute et la question ! Par ailleurs, l'enseignement des Mathématiques est forte-ment critiqué lorsqu'il reste théorique et n'utilise pas les outils actuels (expérimentation numérique ou calcul formel par exemple).
Lorsque Frédéric Laroche m'a présenté quelques passages de son projet, je l'ai immédiatement encouragé à poursuivre. En effet au temps des itinéraires de découvertes (I.D.D.) en Collège, des travaux personnels encadrés (T.P.E.) en Lycée et des travaux d'initiative personnelle encadrés (T.I.P.E.) en Classes Préparatoires aux Grandes Ecoles, les ponts entre les disciplines doivent être révélés et relevés.
Certes l'entreprise est ambitieuse mais elle est unique. Elle fait le point sur la culture scientifique associée aux « mathématiques élémentaires » des années du Lycée et des premières années du Post-Bac.
L' enseignement actuel des mathématiques, malgré quelques initiatives, tourne souvent à vide, centré sur lui-même, oubliant les Hommes, l'Histoire, la Philosophie, les multiples branches de la Science et la nécessité impérieuse de l'étude des Mathématiques, seul moyen à notre disposition d'éclairer notre Connaissance. La formation initiale et continue des enseignants est sans doute insuffisante à ce sujet : nombre d'enseignants s'entendent dire des élèves, au cours d'une séance par trop théorique ou par trop technique, « à quoi ça sert ? ».
L'ouvrage dense, documenté de Frédéric Laroche doit permettre au lecteur d'appréhender les Mathématiques sous une forme moins théorique mais également de sortir des applications habituelles « pseudo-concrètes » ou faussement « de la vie courante », trop souvent niaises, irréalistes en général et dissimulant les concepts sous-jacents (j'entends par là l'entreprise de modélisation de la situation réelle passant par la simplification et l'abandon de paramètres sur lesquels on pourra revenir plus tard dans un aller-retour théorie-expérimentation). Les enseignants et étudiants d'autres disciplines pourront également y trouver la « trousse à outils » nécessaire à leurs préoccupations.
Tous les élèves ne seront pas mathématiciens, chercheurs ou ingénieurs mais il importe qu'au cours de leur scolarité (et le plus tôt possible !) ils aient vu un jour « la Lumière ». Celle qui a éclairé nos études et nous a donné le goût de cette Science magnifique qui nous a envahi progressivement. C'est ce plaisir, et pourquoi ne pas le dire cette extase, que j'ai ressenti, dans la lecture et relecture des chapitres que vous avez sous les yeux. Prenez votre temps, promenez vous à travers ces paysages sans cesse renouvelés, expérimentez vous-même grâce aux fichiers fournis et délectez-vous de ces calculs certes parfois fastidieux mais toujours éclairants de la théorie sous-jacente.
Cet ouvrage de qualité redonne le goût de « l'Etude » et laisse entrevoir ces « bouts de tunnels » si rares !
Blois, Septembre 2002
Yves OLIVIER, IPR de Mathématiques
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Un jour de septembre 2000 on m'appelle au téléphone de la
part de mon inspecteur de mathématiques : « accepteriez vous de
prendre une stagiaire cette année ? ». Pour ceux qui l'ignorent,
lorsque vous acceptez ce genre de charge vous vous occupez pendant un an
d'un(e) étudiant(e) qui vient juste d'avoir son Capes théorique, donc frais
émoulu de l'Université (en général) et qui n'a jamais enseigné ou très peu.
C'était la première fois que l'on me demandait ce genre de choses, aussi
j'étais quand même assez flatté et j'acceptais avec enthousiasme.
Donc le jour de la rentrée je pris contact avec ma stagiaire
que nous appelerons Julie pour les besoins de l'histoire ; Julie était
pleine de bonne volonté, un peu terrorisée également à l'idée de faire son
premier cours, mais dans l'ensemble ça allait. Le début de l'année se passa
d'ailleurs plutôt bien et nous nous voyions régulièrement pour échanger nos
impressions (j'assistais régulièrement à certains cours). Dans le courant de
nos conversations je faisais souvent référence à l'histoire des mathématiques
ainsi qu'à des applications qu'elle aurait pu présenter à ses élèves, mais je
sentais bien que mes paroles ne portaient pas vraiment. Il y avait certainement
un petit problème que j'ai d'ailleurs vite analysé : ce que je lui
racontais n'éveillait rien en elle, ça ne faisait pas partie de sa culture,
personne ne lui avait enseigné ce genre de choses et quand vous avez vingt-cinq
ans vous n'avez pas forcément envie de vous plonger dans des livres d'histoire
des mathématiques ou de chercher des applications que vous pourriez enseigner à
des élèves plus ou moins attentifs.
Vers le milieu de l'année je proposais à Julie de venir
faire une sorte de conférence dans sa classe avant qu'elle ne parle de
trigonométrie : je fais un petit laïus agrémenté de quelques transparents
sur la découverte de l'Amérique, le calcul de la position en mer, la mesure du
méridien terrestre, etc. qui montre à quoi sert la trigonométrie. Et là je vis
que je n'avais pas que des élèves d'une quinzaine d'années devant moi, je vis
qu'elle aussi découvrait toute une face des choses qu'elle n'avait jamais
envisagée. Je sortis de ces séances (m'étant laissé entraîner par mon sujet, ça
a duré deux heures.) assez content de moi mais également un peu perplexe :
ces connaissances qui devraient probablement faire partie du bagage de base
d'un enseignant, même en cours de formation, n'avaient certainement jamais été
abordées devant elle pendant sa scolarité aussi bien dans le secondaire que le
supérieur.
Quand je réfléchis à l'enseignement que j'ai reçu et que je
vois les difficultés que j'ai eues à trouver la documentation nécessaire au
livre que vous tenez entre les mains je comprend mes stagiaires ! Tout est
dispersé : soit vous trouvez des livres généraux qui vous laissent
complètement sur votre faim, du genre « je vous raconte ça bien que ce
soit très compliqué et comme de toutes manières mon éditeur ne veut pas voir
une équation, vous n'en saurez pas plus » ou alors c'est essentiellement
de la technique : théorème, lemme, corrolaire, applications, etc. Quand à
l'histoire des sciences qui pourtant présente un intérêt fondamental, elle ne
fait que très rarement référence à des choses plus modernes, se cantonnant
volontairement au sujet abordé : elle fonctionne par strates et rarement
de manière transversale (quoique les choses évoluent un peu). C'est peut-être
normal, mais ça n'aide pas beaucoup à comprendre : il manque toujours des
éléments.
Par ailleurs il est nécessaire de maîtriser un minimum de
technique pour comprendre : imaginez que l'on vous parle des problèmes qu'a
posée l'intégrale de Riemann et que vous ne sachiez pas ce qu'est une intégrale,
vous n'irez pas bien loin. Mais la technique peut être rendue plus douce :
si on replace une notion dans un cadre historique (historiquement il y a
toujours une excellente raison à l'introduction d'une notion nouvelle) et que l'on
arrive à manipuler cette notion sous une forme ludique (au début en tout cas, il
est très difficile de faire des mathématiques quand on ne s'est pas attaqué à
des difficultés un peu lourdes), il y a des chances pour que la compréhension
vienne mieux et plus vite. Il est difficile pour un étudiant de se lancer seul
à l'attaque de notions nouvelles, et pourtant : la possibilité de s'approprier
telle ou telle notion de son propre chef, en autonomie comme on dit maintenant
ne semble-t-elle pas plus efficace ? Il me semble que c'est plus une
question d'état d'esprit que de réel handicap. Quand on regarde les notions
nécessaires à l'étudiant en Sciences jusqu'à la licence, il n'y a pas tant de
choses sous-jacentes. La difficulté est essentiellement dans la quantité, mais
si on a une vue globale des choses, si on a réellement compris les enjeux de
tel ou tel problème, si on arrive à replacer tel ou tel objet dans une
perspective plus large quel gain de temps, quel gain en termes de
compréhension.
Je vais prendre un exemple vécu pour illustrer mon propos :
lorsque j'étais au Lycée, à la grande époque des maths modernes, on nous
enseignait les rudiments de l'algèbre linéaire : espaces vectoriels, bases,
matrices, déterminants. Arrivé à l'Université même topo en plus théorique et
avec davantage de notions. Pendant toutes ces années d'études personne ne m'a
dit à quoi ça servait en pratique ni pour quelles raisons on en avait besoin,
personne ne m'a dit : « lisez ce livre, ça vous donnera peut-être une
idée plus claire de la question ». Au niveau du calcul, des problèmes ça
marchait à peu près correctement, mais la compréhension n'était pas vraiment
là. Il a fallu que j'enseigne moi-même ces choses, que je me documente par
moi-même pour comprendre un peu mieux tout ce qu'il y avait par en-dessous.
Mes buts lorsque je me suis lancé dans la rédaction de cet
ouvrage étaient donc les suivants : premièrement donner un aperçu
historique sur un certain nombre de notions qui m'ont semblé particulièrement fondamentales.
Au passage j'ai essayé d'aller
un peu plus loin que la présentation habituelle en essayant d'introduire
quelques problématiques plus modernes. Deuxièmement essayer de montrer de
quelle manière ces notions se retrouvent dans certains domaines des sciences :
ce sera bien sûr essentiellement en physique, mais également en économie ou
dans quelques domaines qui ont utilisé les mathématiques dans leur
développement. Troisièmement donner des
outils facilement utilisables, soit pour les mathématiques elles-mêmes, soit
pour les autres matières : j'espère que les physiciens ou d'autres y
trouveront leur compte. Ces outils sont informatiques : chaque figure
numérotée du livre correspond à un fichier téléchargeable sur Internet :
on peut les utiliser tels quels en modifiant les divers paramètres ou bien les
retravailler dans un but bien précis ; ce sont des modèles utilisables.
Enfin j'ai essayé de mettre en avant la méthode de recherche :
de nombreuses questions sont vitales pour notre compréhension du monde et n'ont
toujours pas de réponse ; aussi j'ai essayé d'en présenter quelques unes
afin de pousser mes sagaces lecteurs dans la voie de la découverte, de la
recherche, de l'imagination.
Techniquement parlant la plupart des chapitres commencent
par des notions relativement simples avec éventuellement des rappels puis la
pression monte petit à petit, aussi si vous n'êtes pas trop familier de
certaines notions ne vous attardez pas et changez de thème : les notions mathématiques
utilisées sont souvent imbriquées et le classement effectué n'est pas forcément
le plus facile à suivre.
Voilà, Julie est partie à la fin de l'année vers d'autres
cieux, peut-être lira-t-elle ce livre et me donnera-t-elle de ses nouvelles, en
tout cas j'espère que vous, lecteur, prendrez autant de plaisir à lire cet
ouvrage que j'en ai eu à l'écrire.
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