Quelques calculs de Mécanique
1-b :
Intégration par la méthode d’Euler
2.
Chute libre verticale ralentie par l’air proportionnellement au carré de la
vitesse
2-b :
Intégration par la méthode d’Euler
Galilée fut le premier à mathématiser la chute des corps en 1638 (Discours sur deux nouvelles sciences) : à la suite d’une analyse mathématique qu’il confirme expérimentalement, il arrive à montrer que la vitesse de chute augmente linéairement avec le temps ; il utilise une sorte de méthode par différences finies en considérant des positions x d’un objet lâché sans vitesse initiale obtenues à des intervalles de temps discrets et il établit la relation suivante :
.
L’unité de temps est mesurée expérimentalement par un volume d’eau constant s’écoulant d’un réservoir ; le membre de gauche est la raison (de ratio : rapport) de l’accroissement de la distance parcourue d’une unité de temps à l’autre, le nombre de droite est la raison, quotient de deux entiers impairs successifs. Ainsi, l’aspect continu du mouvement uniformément accéléré a été réduit à du discret grâce à la manipulation des proportions et à l’utilisation d’une unité de temps. On peut remarquer en termes plus modernes que Galilée manipule une suite récurrente de la forme :
ce qui donne très simplement les figures suivantes :
Chute des corps ; position, vitesse en fonction du temps
Le modèle évident est celui du canon : l’obus est tiré dans l’axe du canon, suivant un angle avec l’horizontale. L’obus sort de la bouche du canon avec une vitesse initiale v0.
A un moment donné, les forces agissant sur l’obus sont la résistance de l’air , proportionnelle au carré de la vitesse, dirigée à l’opposé de cette dernière (la vitesse est un vecteur représenté par la tangente à la trajectoire) et le poids orienté vers le bas.
Nous regardons tout d’abord ce qui se passe lorsqu’on ne tient pas compte des frottements.
On a dans le repère orthonormal les coordonnées (x(t) ; y(t)) du centre de gravité M de l’obus, la vitesse et l’accélération . Les conditions initiales sont
et .
Les
équations du mouvement sont en suivant les lois de Newton :
(1).
Cette méthode fait appel à la notion d’approximation linéaire d’une fonction en un point : si f est dérivable en alors ; en ne passant pas à la limite, mais en prenant h suffisamment petit, on peut écrire .
On dispose en général d’une relation du type (ce qu’on appelle une équation différentielle), ce qui permet lorsqu’on connaît x et f(x) de calculer f’(x).
Il s’agit alors de construire la courbe de la fonction inconnue f en utilisant ces relations : on part d’un premier point , d’ordonnée connue , on en déduit le point d’ordonnée
.
Il reste à recommencer de nombreuses fois pour se faire une idée de la courbe de la fonction f.
Evidemment tout ceci reste approximatif, mais dans de nombreuses situations il est impossible ou très difficile de faire mieux.
Revenons à notre problème : posons tout d’abord , le système (1) devient en remplaçant donc par (et pareil pour Y),
.
Nous allons représenter la courbe à l’aide d’Excel en prenant comme valeur de départ .
La vitesse en fonction du temps , = 50°, v0 = 160 m.s-1.
Maintenant nous disposons des solutions pour X et Y, soit pour x’ et y’. Pour trouver les solutions pour x et y, il nous suffit de recommencer la même opération :
.
En fait comme on
dispose déjà des valeurs de x’ et y’, il suffit d’écrire
en prenant comme
point de départ O.
Courbe , h = 0,001, = 30°, v0 = 5 m.s-1.
|
A |
B |
C |
D |
E |
F |
G |
H |
1 |
h |
|
v0 |
5 |
|
|
v0cosa |
4,33012702 |
2 |
0,001 |
|
alpha |
30 |
0,52359878 |
|
v0sina |
2,5 |
3 |
|
|
g |
9,81 |
|
|
tana |
0,57735027 |
4 |
|
|
|
|
|
|
solution approchée |
|
5 |
|
|
|
|
|
|
|
|
6 |
t |
|
X(t) |
Y(t) |
V |
|
x(t) |
y(t) |
7 |
0 |
|
|
2,5 |
5 |
|
0 |
0 |
8 |
0,001 |
|
4,33012702 |
2,49019 |
4,99019 |
|
0,00433013 |
0,0025 |
9 |
0,002 |
|
4,33012702 |
2,48038 |
4,98038 |
|
0,00866025 |
0,00499019 |
t |
|
X(t) |
Y(t) |
V |
|
x(t) |
y(t) |
0 |
|
=H1 |
=H2 |
=RACINE(C7^2+D7^2) |
|
0 |
0 |
=A7+$A$2 |
|
=C7 |
=D7-$D$3*$A$2 |
=RACINE(C8^2+D8^2) |
|
=G7+$A$2*C7 |
=H7+$A$2*D7 |
=A8+$A$2 |
|
=C8 |
=D8-$D$3*$A$2 |
=RACINE(C9^2+D9^2) |
|
=G8+$A$2*C8 |
=H8+$A$2*D8 |
=A9+$A$2 |
|
=C9 |
=D9-$D$3*$A$2 |
=RACINE(C10^2+D10^2) |
|
=G9+$A$2*C9 |
=H9+$A$2*D9 |
=A10+$A$2 |
|
=C10 |
=D10-$D$3*$A$2 |
=RACINE(C11^2+D11^2) |
|
=G10+$A$2*C10 |
=H10+$A$2*D10 |
On repart de or d’où .
A partir de là on a
de nouveau , mais comme , on a d’où
.
La trajectoire s’obtient en éliminant t entre les deux
équations :
.
On trouve donc l’équation d’une parabole. Comparons avec ce qui a été
obtenu par Euler en faisant la différence des y :
Différence entre les solutions exactes et solutions Euler (y) ; h = 0,001, = 30°, v0 = 5 m.s-1.
1. L’équation de la courbe solution, , montre que le point le plus haut atteint par l’obus est le
maximum de cette fonction, atteint lorsque F’ s’annule :
,
.
2. Si on souhaite atteindre un point situé à une
distance d du canon, quel angle doit-on choisir ?
Supposons que le point à atteindre est à la même altitude
que la gueule du canon… la fonction F s’annule évidemment en 0 ainsi
qu’au point ; il faut donc résoudre l’équation .
et
.
Par exemple on tire un projectile à 200 m.s-1 (1200 km.h-1) pour atteindre une cible à 1 km de distance, on a deux choix : 7° ou 83 ° comme on le voit ci-dessous.
En général on connaît la vitesse initiale du projectile, il est donc plus utile de construire le graphique (angle, distance) :
3. Un paramètre décisif derrière tout cela est la distance parcourue par le projectile : un petit segment de la trajectoire a pour longueur ds de sorte que
,
la distance totale entre t0 et t1 est alors , soit avec ,
.
facile à calculer avec Excel, nettement moins à la main... voir le fichier Maple : chute_libre_9.mws.
Cette fois on lâche un
objet d’une hauteur quelconque ; si on tient compte de la résistance de
l’air on doit faire intervenir un facteur proportionnel au carré de la vitesse
(ce résultat est expérimental) : l’équation du mouvement est alors
.
Le mouvement étant
vertical la composante en x
ne nous intéresse pas ; k
est un paramètre dépendant du fluide concerné et de la géométrie de l’objet.
On a donc à résoudre
en posant successivement y’ = Y = v.
Le principe est toujours
le même : pour avoir v
on fait donc
puis pour avoir y, avec un petit
changement de signe car on tombe alors que l’on utilise la valeur absolue de la
vitesse.
v0 = 0,
y0 = 4000 m, h = 0,02, m = 1,
k = 0,001
Cette équation n’est pas linéaire mais on peut l’intégrer en faisant les transformations suivantes :
avec .
On a alors en séparant les variables , soit en écrivant :
.
Il nous reste à intégrer : .
Si à t = 0 on a v = 0, il vient C = 0, d’où
.
Lorsqu’on cherche v tel que , soit ici en remplaçant z par :
.
On peut se demander quelle est la signification physique de K ; écrivons les équations aux dimensions pour l’équation initiale : : d’où , k s’exprime donc en kg.m-1. Pour K on a alors , qui est donc une vitesse…
En fait lorsque t tend vers l’infini tend vers 1 et v tend vers K qui est alors la vitesse limite de v.
Terminons en cherchant au bout de combien de temps on arrive à p % de cette vitesse limite :
.
Expression de tanh-1 : on cherche à résoudre
Finalement on a .
On a donc de nouveau (1), mais sous sa forme complète cette fois :
.
On pose , soit
qui se « résoud » avec la méthode d’Euler ; le système précédent devient donc :
k |
g |
x0 |
0 |
(en m) |
|
|
0,001 |
-10 |
y0 |
5000 |
(en m) |
|
|
m |
K |
vx0 |
10 |
(en m/s) |
|
|
1 |
1 |
vy0 |
-10 |
(en m/s) |
|
|
(-k/m) |
|
|
|
|
|
|
-0,001 |
|
Chute d'un corps dans l'atmosphère
à densité variable suivant l'altitude |
||||
|
|
|
|
|
|
|
h |
|
|
|
|
|
|
0,01 |
|
|
|
|
température |
densité |
temps |
vitesse x |
vitesse y |
x(t) |
y(t) |
=Kv² |
|
t |
vx |
vy |
x |
y |
temp |
k |
0 |
10 |
-10 |
0 |
5000 |
200 |
-0,002718282 |
0,01 |
9,99615569 |
-10,0961557 |
0,1 |
4999,9 |
201,855488 |
-0,002718336 |
0,02 |
9,992295 |
-10,1922564 |
0,19996156 |
4999,79904 |
203,728049 |
-0,002718391 |
0,03 |
9,98841786 |
-10,2883017 |
0,29988451 |
4999,69712 |
205,617642 |
-0,002718447 |
0,04 |
9,98452421 |
-10,3842911 |
0,39976869 |
4999,59423 |
207,524225 |
-0,002718502 |
Valeurs de h : formule =An+$A$4 |
Valeurs de X |
Valeurs de Y |
Valeurs de x |
Valeurs de y |
Température |
Coefficient |
Ainsi qu’on peut le voir, on peut faire joujou avec le tableur, par exemple en calculant une température (approximative) due à l’énergie de frottement, proportionnelle également à v2. Ceci donne par exemple le graphique suivant :
Sans grande difficulté, on peut rajouter le paramètre pression qui varie en fonction de l’altitude, etc.